Notre association depuis un an a pris un nouveau virage, amenée à élargir son champ d’activité dans des domaines où elle n’était pas encore intervenue. Cela ne s’est pas fait sans quelques grincements de dents que nous allons évoquer. Mais d’emblée nous posons la question : sommes-nous là pour jouer les flatteurs hypocrites sans que rien ne bouge, ou égratigner un peu et faire en sorte que les choses s’améliorent ? Nous pourrons en débattre dans quelques minutes après avoir écouté les différents rapports.
Oui les dents ont grincé dans les semaines qui ont précédé l’adoption du PLU par le Conseil Municipal. Charnie Env a été l’objet d’attaques contradictoires, les uns estimant que nous avions été trop loin dans nos revendications concernant la protection des haies et des terres classées en Natura 2000, les autres nous reprochant de n’avoir pas été jusqu’au bout dans la dénonciation de certains comportements : nous aurions dû désigner les coupables, ceux qui ont abattu des haies de façon inconsidérée et appliqué des produits phytosanitaires de façon contestable. Nous en discuterons tout à l’heure. Il est évident que nous ne sommes pas là pour nous livrer au petit jeu de la délation, notre rôle est de pointer des pratiques condamnables qui ne doivent pas se reproduire.
Ceci étant, nous sommes contraints d’exprimer notre désaccord avec certaines décisions adoptées par le Conseil municipal. Pendant presque un an nous avons participé avec confiance et assiduité aux travaux préparatoires du PLU, nous avons communiqué au cabinet Dewailly à sa demande, les inventaires faune et flore dont nous disposions. Et à l’arrivée, nous avons constaté que ces inventaires n’avaient pas été repris dans le dossier du PLU soumis à l’enquête publique. Nous avons à nouveau communiqué les inventaires qui en principe doivent être joints au document final du PLU, archivé en mairie.
Et au moment du vote final du Conseil, deux points importants ont été vidés de leur substance, au moins partiellement : l’abattage des haies dans certaines zones n’était plus soumis à autorisation préalable et le Bois de Chemiré n’était plus classé en EBC mais seulement en Zone Naturelle Forestière, à l’exception d’une quarantaine d’hectares au sud d’Étival. Double recul que nous déplorons.
Nous nous sommes vu également vertement reprocher notre position concernant l’abus des pesticides dans des terres classées Natura 2000. Nous pensions naïvement que, étant donné le bel effort consenti par Chemiré avec l’élaboration du PLU pour mieux protéger notre environnement, on allait nous suivre dans l’opportunité d’améliorer la santé des terres en incitant les agriculteurs à réduire les doses de pesticides dans les terres classées.
Eh bien pas du tout ! Nous étions allés trop loin et nous étions contre les agriculteurs. Là aussi nous vous devons des éclaircissements. Sachez en tout cas que nous avons commencé des démarches auprès d’un certain nombre d’élus sarthois et européens pour les sensibiliser à cette situation paradoxale concernant les zones Natura 2000 : d’un côté on prend des mesures pour préserver la santé des écosystèmes de notre bocage, et de l’autre on les laisse abîmer en tolérant l’application de produits phytosanitaires sur des centaines d’hectares.
Le pique-prune, coléoptère emblématique de notre terroir classé, ne vit pas en permanence dans les têtards, il en descend régulièrement et se déplace jusqu’à 200 mètres de son habitat. Veut-on l’ignorer et fermer les yeux sur cette réalité ?
Sachez que nos différents courriers n’ont provoqué qu’une réponse courtoise chez nos correspondants. Seule Mme Labrette-Ménager, député, a pris une initiative positive : elle a communiqué notre lettre au préfet de la Sarthe et nous a transmis sa réponse, intéressante sur plusieurs points. ( Lettre à disposition ici) Il y a une réelle évolution dans l’attitude des pouvoirs publics quant aux méfaits de tous ces produits.
La preuve en est la campagne actuelle médiatique du Ministère de l’Écologie de l’ONEMA et du Ministère de l’Agriculture qui a lancé le « Plan écophyto2018 » (voir ci-contre la pub publiée dans de nombreux hebdos, parmi lesquels le supplément TV de Ouest-France qui tire à 800 000 exemplaires). Nous posons la question : le Ministère de l’Agriculture qui lance un plan dont l’objectif est de diminuer de 50% l’usage de pesticides d’ici 2018, est-ce que cela veut dire que le Ministère est contre les agriculteurs ? Charnie Environnement apprécierait que lorsque notre association attire l’attention sur la nocivité des pesticides, on arrête de l’accuser d’être contre les agriculteurs.
De même Charnie Environnement a été amenée à déposer lors de l’enquête publique sur le projet de porcherie industrielle de la Tuilerie à Joué en Charnie. La presse s’en est fait l’écho à plusieurs reprises. Nous avons pointé essentiellement les menaces que les épandages prévus faisaient peser selon nous sur la santé d’un certain nombre de cours d’eau et de zones humides, notamment à Étival et dans la vallée du Palais. Nous avons pu constater que nous n’étions pas les seuls à manifester notre inquiétude. La ville de Loué et les représentants des pêcheurs s’opposaient aussi au plan d’épandage de l’exploitant. Une pétition recueillait plus de 600 signatures rien qu’à Loué, tandis que de notre côté nous lancions une autre pétition via internet sur le site de cyberacteurs.org qui recueillait 2700 signatures. Parmi celles-ci nous avons constaté qu’il y avait de nombreux bretons et professionnels de la santé. Ce n’est sûrement pas un hasard.
Eh bien malgré tout ça, le commissaire-enquêteur a rendu un avis favorable. Dans son rapport figurent les réponses de l’exploitant aux remarques déposées par le public sur le registre ouvert en mairie de Joué en Charnie. Répondant à notre interrogation sur l’alimentation de ses porcs, concernant le soja, l’exploitant reconnaît implicitement qu’il peut contenir des OGM. Enfin notre association a continué de prendre sa part dans l’entretien et les démarches pour développer les chemins de randonnée.
Le Président, Laurent Desprez.