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Histoire d'Étival en Charnie

L'ABBAYE D'ÉTIVAL A 900 ANS CETTE ANNÉE

Les guides touristiques ne mentionnent pas ce site, oublié à l'extérieur de notre pays. Pourtant l'abbaye bénédictine d'Etival-en-Charnie, réduite aujourd'hui à quelques murs transformés en chapelle, a rayonné pendant des siècles sur le Maine et au-delà, laissant plus d'une trace significative dans la mémoire de ce pays à l'écart du monde, ainsi que dans les archives de la Sarthe et des monastères bénédictins. Il y a 900 ans cette année que fut fondée l'abbaye d'Etival. Cet anniversaire nous semble la bonne opportunité pour réparer l'oubli dans lequel est tombé ce lieu, lié indissolublement à la forêt de la Grande Charnie.

Un pays d'ermitages

Contrée où abondaient les ermitages, la partie orientale de la Grande Charnie fut appelée jusqu'au 19è siècle « la seconde Thébaïde ». La Thébaïde étant ce désert de Haute-Egypte où se retirairent les premiers ermites chrétiens. Rien d'étonnant donc à ce que, en 1109, Raoul VII, seigneur de Sainte-Suzanne, choisisse cette partie de la forêt pour y édifier une abbaye. Ce Raoul VII est le fils de Hubert II de Beaumont qui, 22 ans auparavant, a réussi un exploit : repousser l'armée d'un adversaire redoutable qui assiégeait son château: Guillaume le Conquérant lui-même. Le château de Sainte-Suzanne, à 12 km d'Etival, côté mayennais de la Charnie, est resté dans l'histoire comme le seul ayant résisté à l'assaut de Guillaume. Son fils Raoul donc, sans doute pour se racheter de quelque mauvaise action, veut édifier un monastère.

Des abbesses prestigieuses

Ce sera un monastère de femmes, des bénédictines. Raoul y installe à sa tête sa sœur Godehilde. Elle aura comme guide spirituel un ermite, Alleaume, formé par une personnalité de premier plan, le fondateur de la prestigieuse abbaye de Fontevraud, Robert d'Arbrissel. Etival sera l'une des abbayes du Maine les mieux pourvues : un vaste domaine de 1200 hectares, vivant notamment des ressources de la forêt et de l'eau avec un moulin et une pêcherie. Au fil des ans l'abbaye deviendra un important lieu de culte et de culture. On y concocte des traductions d'ouvrages en latin, traités divers et ouvrages religieux. Le monastère sera aussi un refuge pour les persécutés des époques troublées, notamment sous l'Inquisition. Trente et une abbesses, la plupart nobles, vont se succéder de 1109 à la Révolution, plusieurs d'entre elles marquant de leur empreinte à titres divers l'histoire de l'abbaye. Jeanne de Laval, à la fin du 15è siècle, tranche par sa personnalité. Déterminée, entreprenante, elle agrandit encore le domaine, faisant creuser un deuxième étang de 7 hectares pour accroî:tre la production piscicole.

Immortalisée par l'art et la littérature

Au 17è siècle, Claire Neau fait parler d'elle. Austère, roturière, elle veut imposer une règle plus rigoureuse à ses religieuses qui, nobles pour la plupart, lui opposent une vive résistance. L'abbesse aura droit aux quolibets de Scarron, ex-secrétaire de l'évêque du Mans, qui la raille dans son fameux Roman Comique. Elle est représentée sur l'un des 20 tableaux de Pierre-Denis Martin illustrant l'ouvrage et comptant parmi les collections du Musée de Tessé qui les expose en permanence au premier étage de l'établissement.

L'abbaye malmenée

Au 18è siècle, l'abbaye d'Etival a commencé à péricliter. La Révolution va l'achever, subissant le même sort que beaucoup d'autres. L'abbesse se réfugie à Asnières-sur-Vègre. Les révolutionnaires détruisent la majeure partie du monument. Depuis, à plusieurs reprises, de bonnes fées se sont penchées sur son sort. Une première restauration fut lancée à la fin du 19è siècle grâce à une souscription notamment auprès de Solesmes. Il ne subsistait que l'ancien croisillon nord du transept ; il fut transformé en chapelle. Des fouilles permirent de mettre à jour plusieurs gisants conservés aujourd'hui au Musée de Tessé ainsi qu'une statue de l'ermite Alleaume qui fut canonisé aussitôt après sa mort.

L'abbaye restaurée

Classé monument historique en 1973, propriété de la commune de Chemiré-en-Charnie, très attachée à sa préservation, l'édifice bénéficie maintenant d'un programme de restauration géré par l'Association Culturelle pour la sauvegarde de la Chapelle d'Etival avec le soutien des collectivités locales, départementales et régionales. Cette restauration a permis d'ouvrir l'édifice à des visites de groupes sur demande et au public pendant les journées du patrimoine. La chapelle reçoit chaque année quelques 500 visiteurs. En outre la Fédération de la Pêche a acquis l'ancien moulin de l'abbaye au bord de l'étang d'Etival, faisant de ce site sa «nbsp;vitrine départementale » après d'importants travaux de restauration menés grâce au soutien des Collectivités de la Sarthe, de la Région et de l'Union européenne. Loué le week-end à des groupes ou des familles, le lieu bénéficie maintenant d'une belle notoriété.
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