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Compte-rendu de l'assemblée générale du Collectif le 24 Février 2012
Communiqué Collectif

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Collectif pour la Sauvegarde du Massif Forestier de la Grande Charnie

 

 

COMPTE- RENDU ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
24 février 2012 à 20h à Blandouet.

L’AG est précédée du CA qui ne s’est pas tenu depuis le 23 février 2011.
Présents : Judy Davis (MNE), Daniel Trubert (ANEVR), Jean Masson (ANEVR), Jacky Laigre (ANEVR), Laurent Desprez (CE) Absent excusé : Jean-Marie Vanherpe (CE) Invité, Jean Vauzelle est présent exceptionnellement pour représenter FE 53.


Le CA examine la question du remplacement de Jacky Laigre, démissionnaire pour raisons personnelles, comme membre et trésorier. Daniel Trubert accepte de le remplacer comme trésorier. Il sera pourvu ensuite au remplacement de Jacky comme membre, l’ANEVR ayant droit à un deuxième administrateur.


Concernant la représentation mayennaise, sur proposition de Jean Vauzelle, mandaté par FE 53, le CA approuve l’attribution d’un siège à FE 53 et d’un siège à MNE, chacun doublé d’un suppléant. Ces associations transmettront au plus tôt leur représentant et suppléant. À titre de réciprocité, le Collectif adhérera à FE 53 et désignera 3 représentants (1 représentant = 1 voix pour les CA et 3 délégués pour l’AG), lors de son prochain CA. Il sera procédé à un échange de cotisations d’un montant respectivement de 35 et de 30 euros.


Le CA approuve ensuite le rapport d’activité (cf. texte joint) présenté par le président. Concernant l’orientation (cf. texte rapport joint) pour l’exercice à venir, LD soumet au vote 2 propositions. Compte tenu du constat d’une dégradation inquiétante de la situation environnementale de la Charnie, le président propose de modifier l’objet des statuts du Collectif et de l’ouvrir à la possibilité de pouvoir intervenir dans les domaines exposés dans son rapport et une aire géographique plus large. Ce qui entraînerait en corollaire une modification de la dénomination du Collectif. Après discussion, le CA décide d’examiner cette éventualité et d’en soumettre le principe à l’AG. D’autre part le CA approuve l’initiative d’interpeller les futurs candidats aux prochaines élections législatives sur la base des thèmes traités dans le rapport d’orientation.

La séance est levée à 21 h pour laisser la place à l’AG qui s’ouvre aussitôt.


Compte-rendu de l’AG

L’AG se déroule en présence de M. Jean-Paul Brochard, maire de Neuvillette-en-Charnie, Mme Michèle Brochard, présidente de l’ANEVR, Mme Danielle Thibault (de Torcé), M Serge Coutelle. 

Ouvrant la séance, le président exprime son pessimisme quant à la défense de l’environnement durant l’exercice 2011, mais se réjouit néanmoins que l’année écoulée ait vu l’opportunité d’entretenir des relations fructueuses avec les responsables mayennais de FE 53 et de MNE. L’AG approuve à l’unanimité le rapport d’activité présenté par LD. L’AG approuve à l’unanimité le rapport financier présenté par Jacky Laigre. Alors que le solde créditeur de la trésorerie était de 571,42€ au 1-1-2011, il est à ce jour de 586, 45€

L’AG (rejointe par Jean-Marie Vanherpe) discute ensuite de l’orientation adoptée précédemment par le CA, approuvant le diagnostic inquiétant exprimé dans le rapport et votant à l’unanimité les orientations proposées. Le CA se réunira en avril pour examiner le principe d’une modification des statuts et d’une nouvelle dénomination du Collectif. Il choisira également 1 représentant à FE 53.


L’AG approuve enfin la décision des adhésions réciproques du Collectif et de FE 53. Le président juge de bon augure la présence à l’AG de Jean-Paul Beillard, avec qui le Collectif a déjà commencé à travailler lors de l’enquête publique pour la deuxième carrière de Saint-Denis d’Orques, venant déposer en compagnie de Jean Vauzelle pour FE 53.


L’AG s’achève à 21 h 40.


Le CA procède aussitôt à la réélection de son Bureau, dorénavant composé comme suit :

  • Président : Laurent Desprez
  • Secrétaire : Jean-Marie Vanherpe
  • Vice-Président trésorier : Daniel Trubert
  • Membre : Judith Davis
  • Membres suppléants : Jean Masson, Roland Ahier
  • Restent à pourvoir 2 sièges de titulaires et 2 suppléants

Tradition oblige, la soirée s’est achevée par le pot de l’amitié, assorti de spécialités locales.


RAPPORT D’ACTIVITÉS

Conformément à ce que nous avions décidé lors de notre AG du 23 février 2011, le Bureau du Collectif a pris l’initiative de lancer des démarches en vue de faire classer les forêts de Charnie en Natura 2000. Rappelons que cela avait été recommandé notamment par l’urbaniste en charge de l’élaboration du PLU de Chemiré. Pour commencer nous avons proposé aux responsables de SNE et de MNE une rencontre exploratoire. Tous ont répondu très vite et cette rencontre a été organisée au printemps à Chemiré en Charnie, à mi-distance de Laval et du Mans. Ce qui est apparu tout de suite, c’est qu’il fallait satisfaire à la première condition permettant le lancement d’une telle procédure, c’est-à-dire valider la présence d’espèces emblématiques au sein des deux forêts. Concernant la Grande, l’enquête publique sur le projet de carrière de l’Abat avait permis d’observer la présence de l’écrevisse à pattes blanches. L’ONEMA de la Mayenne avait observé à deux reprises, de jour et de nuit, le précieux crustacé. L’organisme a confirmé cette présence qui se trouve donc validée. Une autre espèce rare, le crapaud sonneur à ventre jaune, avait été observée il y a quelques années par Dominique Tavenon et il s’imposait de lancer des recherches. En juin, plusieurs membres du bureau ont commencé des prospections sur le terrain, guidés d’abord par des herpétologues de MNE. Il est vite apparu que la sécheresse compromettait cette recherche, en Grande comme en Petite Charnie. Dans cette dernière les 23 zones humides indiquées par le garde Gabriel Faramin ont toutes été visitées. La majorité d’entre elles étaient à sec. Si une nouvelle sécheresse s’annonce en avril, il y aura lieu d’avancer les prospections sans attendre la période habituelle de ponte.


En octobre 2011, notre Collectif a été amené à déposer dans le cadre de l’enquête publique ouverte sur la demande de la SA. Voutré d’ouvrir une nouvelle carrière de roche dure au lieu Montmartin sur Saint-Denis d’Orques, arguant du futur chantier de la LGV Le Mans-Rennes. Nous avons pris la décision d’intervenir pour deux raisons : Saint-Denis fait bel et bien partie du pays de Charnie et l’existence d’une zone Natura 2000 sous l’égide de l’osmoderma eremita arrivant jusqu’aux portes du village réaffirme cette unité. D’autre part l’emprise du projet de carrière de Montmartin voisinait dans sa partie sud avec la Mayenne et nos camarades de FE53 se préparaient à en étudier l’impact environnemental. L’union de nos deux actions s’imposait donc et nous avons harmonisé notre argumentation. Nous avons exprimé de sérieuses réserves d’ordre environnemental et sur la sécurité routière, l’ouverture d’une deuxième carrière faisant doubler le trafic poids lourds. Aucune de nos réserves n’a été reprise par le Commissaire-enquêteur qui cependant a rendu un avis défavorable au seul prétexte que « les besoins locaux en matériaux sont couverts durablement par les carrières en activité » et notamment la carrière voisine déjà existante exploitée par le Groupe Nivet. Ni la destruction de 64ha de terres agricoles ni le détournement d’un ruisseau annoncés par le pétitionnaire n’ont ému le commissaire-enquêteur. Encore moins le risque de détériorer l’habitat de plusieurs espèces remarquables, notamment le pique-prune qui justifierait à lui seul un classement de ces terres en zone Natura 2000. Nous avons déploré l’absence de SNE dans cette affaire. SNE aurait dû être un partenaire important lors de la déposition et lors du suivi du dossier en commission départementale.


Au total, examinant le bilan de l’année 2011, la situation environnementale de notre pays n’est pas brillante : il y a eu ce rejet total de nos arguments lors de l’enquête publique de Montmartin ; auparavant, c’était l’échec de l’opposition importante qui s’est exprimée, notamment celle de Charnie Environnement, face à la demande d’extension de la porcherie industrielle de la Tuilerie à Joué en Charnie (saluons au moment de l’enquête publique en avril l’apport important de Roger Godefroy qui s’est déplacé depuis Arquenay en Mayenne); si on constate par ailleurs notre impuissance à empêcher la destruction de nombreuses haies en pays de Charnie, si on enregistre aussi l’aggravation de la disparition de ruchers due aux pesticides, on peut éprouver de vives inquiétudes quant à la santé de notre environnement. C’est ce qui nous amène à vous proposer l’orientation suivante pour 2012 et au-delà.


RAPPORT D’ORIENTATION

Ces échecs, ces revers, ces constats appellent, pour moi, de faire une analyse globale, il faut les relier entre eux et voir lucidement la situation de notre pays.


À tous les échelons, on constate chez les élus, chez les fonctionnaires, chez les décideurs, la même attitude : on continue comme avant, comme s’il ne se passait rien. Indifférence, abandon, calcul ou frein délibéré, c’est selon. L’exemple de la Tuilerie est très significatif. On a vu les élus de la municipalité de Loué partir en bataille contre l’extension se traduisant par un vote quasi unanime pour s’opposer au plan d’épandage et une population réagissant fermement en signant une pétition recueillant 600 signatures. Relancés deux fois par Charnie Environnement pour au moins contester l’avis du commissaire enquêteur auprès du préfet, les uns et les autres ont abandonné. Concernant les haies, le projet du PLU de Chemiré en Charnie instituait une demande d’autorisation avant tout abattage; il a suffi que la Chambre d’Agriculture, consultée, réponde que les agriculteurs étaient assez grands pour juger de l’opportunité de maintenir ou de détruire, et le maire de Chemiré s’est engouffré dans cette ouverture pour supprimer l’article en question, suivi par la majorité de son conseil.


Qu’est-ce que tout ça à voir avec la forêt de la Grande Charnie, dont la sauvegarde est notre objet ? La Tuilerie avait un rapport direct avec les zones classées en ZNIEFF 1 en bordure de forêt, en majorité des zones humides, qui étaient menacées par les épandages demandés par le pétitionnaire sur Étival. Rapport direct aussi dans le même site entre la qualité des eaux de l’étang détériorée par des épandages de pesticides à répétition sur les cultures de maïs en surplomb, terres de surcroît classées en Natura 2000. Il faut s’interroger sur le contenu du classement Natura 2000 : est-ce que ça n’est pas une coquille vide ? Quant aux haies, lorsqu’elles sont arrachées sans contrôle, rien n’oblige les propriétaires à les replanter : c’est autant de corridors écologiques qui disparaissent définitivement alors que leur préservation était prétendument décidée par le Grenelle de l’Environnement.


La question est celle-ci : est-ce que l’expansion urbaine et industrielle, qui élimine tous les 10 ans une surface équivalente à celle d’un département français, ne suffit pas à tuer la nature irréversiblement sans que l’on en rajoute en détruisant ou polluant des territoires jusqu’à présent intacts ? Nous avons cette chance de vivre dans un pays longtemps préservé. Il ne l’est plus tout à fait et cela va empirer si l’on ne pose pas des freins. Rappelez-vous l’été dernier la scandaleuse décision conjointe du ministre de l’agriculture et de la ministre de l’écologie revenant en arrière pour la réduction planifiée de l’utilisation des pesticides. Au même moment, en pleine saison touristique, le maire de Saint-Nazaire fermait 3 plages de sa commune aux baigneurs pour cause d’algues vertes. Et on va nous affirmer qu’il n’y a aucun lien avec l’agriculture industrielle. Il faut savoir que les ruchers de la Charnie ne sont plus protégés, perdons nos illusions : notre pays est comme les autres. Nous avons des cas de mortalité d’abeilles très près de chez nous, et il n’y a aucun doute sur la cause : ce sont des épandages de produits Monsanto.


Je voudrais aussi attirer votre attention sur une dégradation qui est d’autant plus redoutable qu’elle est invisible. Et de ce fait elle est méconnue, y compris de nombreux responsables d’associations environnementales. Elle frappe la faune sauvage. Concernant le gibier, est-ce que l’on sait que la plupart des perdrix et faisans tués chaque année pendant la saison de chasse sont des animaux provenant d’élevages industriels ? En 2010, cela a représenté 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix, provenant de 5000 élevages industriels. Lâchés dans la nature, ils sont inaptes à survivre par leurs propres moyens. Alors que fait-on ? On les nourrit à coup de maïs bourré de pesticides, tout comme les « cochongliers », les métis que certains chasseurs ont si intelligemment développé. Où est la sauvagerie dans cette faune ?


Concernant les « nuisibles », est-ce que l’on sait suffisamment que la France est le seul pays européen à avoir dressé une liste démesurée de mammifères et d’oiseaux prétendument nuisibles. Il n’existe aucune estimation sérieuse, impartiale, des effectifs de prédateurs. Les commissions qui décident ne sont pas équilibrées, les chasseurs y sont sur-représentés, les scientifiques, les écologues peuvent à peine s’y exprimer. Pourquoi une telle liste ? Parce que les chasseurs redoutent que leur gibier artificiel ne soit éliminé par certains prédateurs, et donc leur investissement gâché. Le comble de l’aberration est d’y avoir mis le renard. Les mustélidés sont la bête noire des agriculteurs (récoltes de maïs, élevages de volailles). Un renard consomme jusqu’à 5000 mulots (rongeurs) par an. Dans le département de l’Eure, quelqu’un d’intelligent a eu l’idée d’enquêter pour connaître le coût du recours aux poisons divers pour réduire les mustélidés et il a trouvé le chiffre faramineux de 100.000 €. Et enfin, le comble de la cruauté, c’est le sort réservé au blaireau : la France est le seul pays en Europe à l’éliminer chaque année, avec une méthode barbare qui est le déterrage. Pourquoi continue-t-on ? Parce que c’est la tradition et en dehors de la saison de chasse, ça permet de faire travailler les chiens. Partout ailleurs en Europe, le blaireau est un animal protégé.


Avec tout cela, les chasseurs parviennent à faire croire qu’ils œuvrent pour la biodiversité, ce qui leur permet d’obtenir de généreuses niches fiscales pour leurs sociétés de chasse. La quasi totalité des 6 lois chasse depuis 10 ans, 6 lois en 10 ans, ont été votées à la sauvette par les parlementaires qui ont laissé faire quelques collègues sans se demander si les mesures soumises à leur voix étaient justifiées. C’est tout le problème de nombre d’instances à tous les niveaux de la société française : il y a un désintérêt et une grande ignorance de la réalité de la vie de la nature, la nature sauvage. Ce qui fait que les chasseurs disposent d’une voie royale pour faire passer leurs textes. L’introduction de la dernière loi, votée début février par le sénat, est un modèle de maquillage où l’on en appelle de façon éhontée à la défense de la biodiversité. Tous les groupes des deux assemblées ont voté ce texte à l’exception des écologistes. Les chasseurs, comme les agriculteurs, électorat à ménager, et pas seulement par les députés de droite. Le rétablissement du jour sans chasse est très aléatoire dans la perspective d’un changement de majorité. Et globalement on peut remarquer que jusqu’à présent, l’écologie, les questions d’environnement, ne sont pas présentes dans le débat électoral, réduit à la seule interrogation sur l’avenir du nucléaire.


C’est autant de raisons qui me rendent très pessimiste sur la préservation de notre pays et de son intégrité. C’est de la protection de notre terre dont il s’agit, de sa santé, de sa richesse biologique. Enrayer la perte d’humus. Nous avons un patrimoine à défendre, celui qui nous a attiré tous ici irrésistiblement, celui qui nous a fait rêver. Les ex-chercheurs à l’INRA, les époux Bourguignon, affirment que 90% des terres cultivables françaises sont vouées à la mort biologique à cause des méfaits de l’artificialisation. Tout est lié, la vie de nos forêts comme celle du sol qui les entoure, des eaux, des pollinisateurs.


Face à toutes ces agressions, que peut-on faire ? Saisi par le doute, il ne faut pas rester passif. Nous allons reprendre nos prospections en forêt sur les batraciens, voir s’il y a lieu de réactualiser des inventaires ayant donné lieu au classement en ZNIEFF 1 de plusieurs étangs et zones humides en bordure de forêt, rester vigilants quant à une nouvelle tentative d’ouverture de carrière, dénoncer les saccages du bocage. Mais je me demande si notre Collectif ne doit pas aller plus loin, élargir son action comme il l’a commencé l’an dernier, ce qui voudrait dire modifier ses statuts et sa dénomination. C’est la réflexion à laquelle je vous convie. En ne tardant pas, car il y urgence. Et dans l’immédiat je veux vous proposer un acte concret, c’est lors de la campagne qui s’ouvrira pour les élections législatives, interpeller les candidats sur la base des thèmes que je viens d’évoquer. C’est d’autant plus nécessaire qu’un candidat particulièrement en vue à l’élection présidentielle dit nous offrir un nouveau rêve. Concernant l’écologie, si l’on se rapporte aux réponses qu’il vient de faire aux représentants des chasseurs, je crains que nous ne parlions pas du même rêve...

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